Bo Nordh

par **HOLAF** Jeu 9 Jan 2020 - 0:49

Bo a commencé à fumer à l'âge de 15 ans. Il n'était pas un grand connaisseur à l'époque, mais qui est à cet âge? Il fumait des "pipes à dollar" et du tabac bon marché. Cependant, au début des années 70, il s'est intéressé à ce qu'il remplissait sa pipe et dans une certaine mesure à quoi ressemblait la pipe. Le magazine danois STOP vient d'être présenté et Bo a lu avec intérêt différents types de tabac et de belles pipes. Il a commencé à essayer différents mélanges qu'il a achetés à PIP-LARSSON, une célèbre boutique de Malmö.

Chez PIP-LARSSON'S, ils ont également vendu des blocs prêts à percer pour les fabricants de tuyaux amateurs. À cette époque, Bo venait de terminer ses études d'ingénieur en technologie des machines et n'avait pas encore trouvé d'emploi. Un jour, sa femme Birgit lui a suggéré d'acheter des blocs et de fabriquer lui-même une pipe. La raison en était qu'elle pensait que Bo avait besoin de quelque chose à faire.

Bo a donc acheté deux blocs et a commencé à les travailler avec les outils qu'il avait sous la main. Alors qu'il limait et meulait, il a trouvé de plus en plus de défauts dans le bois. Ce qu'il ne pouvait pas tolérer, il a donc continué à déposer pour se débarrasser des défauts. De nouvelles failles sont apparues et au final il ne restait pas grand-chose du bloc, du moins pas assez pour faire une pipe. De nouveaux blocs ont été achetés mais le résultat est le même. Après un certain temps, Bo réalisa qu'il ne pouvait pas continuer comme ça.

Apparemment, tous les blocs avaient des défauts plus ou moins importants et le seul moyen était d'adapter la conception du tuyau de manière à éviter les défauts.

Cela a amélioré les choses sans fin et après cela, il est allé régulièrement à PIP-LARSSON pour plus de blocs de bruyères.

Le propriétaire de PIP-LARSSON était Olle Jonsson. Il est devenu curieux de connaître le nombre de blocs achetés par Bo et un jour, il a demandé à quoi il les utilisait. "Faire des tuyaux bien sûr", répondit Bo. "Amenez-les ici pour que je puisse les voir", a rétorqué Olle Jonsson qui a lui-même réparé beaucoup de tuyaux et avait donc une certaine connaissance du sujet.

Lors de sa prochaine visite, Bo a apporté quelques pipes et Olle Jonsson était ravi. "Procurez-vous un tampon", a-t-il dit, "et je les afficherai dans la fenêtre." Les tuyaux de Bo Nordh n'y sont pas restés longtemps, ils se sont vendus rapidement.

Bo Nordh rencontre Sixten Ivarsson :

Sixten Ivarsson vit à Copenhague. Il est l'homme qui a le plus probablement été plus influent que quiconque lorsqu'il s'agit de fabriquer des pipes au Danemark et en Suède.

Olle Jonsson connaissait Sixten et il a exhorté Bo à se rendre à Copenhague et à le rencontrer. La réunion a eu lieu dans l'atelier de Sixten et s'est avérée très importante. Apparemment, Sixten s'est immédiatement rendu compte qu'il s'agissait d'un homme doté d'un vrai talent. Mais il a également constaté que Bo n'avait aucune connaissance des nombreux détails que vous devez prendre en considération lorsque vous faites une pipe qui est non seulement belle mais qui fume également bien.

Sixten a généreusement partagé son savoir-faire et son expérience et il a également présenté Bo aux bons endroits pour obtenir de bonnes matières premières.

Bo a acheté les machines dont il avait besoin et a commencé à construire son propre atelier à Landskrona. Sa formation d'ingénieur en mécanique a été très utile pour adapter les machines à ses besoins. Lorsque l'atelier de Landskrona était prêt, il n'a jamais regardé en arrière. Bo n'a jamais eu de problème pour vendre ses pipes. Au contraire, les acheteurs ont frappé à sa porte pour acheter.

La première fois que j'ai visité Bo, c'était en 1981, alors qu'il était encore à Landskrona. Bo m'a alors dit avec des yeux pétillants qu'il avait acheté une ancienne ferme à quinze kilomètres de la ville et qu'il allait bientôt déménager. C'est apparemment le rêve de sa vie qui s'est réalisé quand lui et sa femme ont acheté cette maison et il n'est pas difficile de comprendre qu'ils l'aiment ici.

Pour "lire" le bois :

Bo enlève un bloc de bruyère après l'autre. Pour moi, ils ont tous l'air parfait, mais Bo pointe et explique: "Ici, vous voyez un anneau annuel qui a échoué et qui aura apporté beaucoup de défauts", dit-il. Sur un autre bloc, il me montre des lignes et des zones du côté noueux qui cachent les zones ou les sections défectueuses à grain fin à l'intérieur du bloc. Je ne vois rien à l'extérieur que je puisse voir, mais Bo sait ce qu'il trouvera quand il commencera à moudre. On pourrait dire qu'il lit les blocs comme je lis un livre. Il est bien sûr basé sur une longue expérience, mais je pense aussi qu'il nécessite un peu de talent inné.

Bien sûr, ce n'est pas si simple, même pour Bo. Il ne sait pas tout ce qui est caché dans un bloc. Il est également sujet à des surprises et environ un bloc sur deux ne deviendra jamais une pipe. La bruyère est en effet un matériaux difficile.

Tout les détails doivent être parfaits :Il est peu probable qu'il y ait un détail dans la construction d'un tuyau que Bo n'a pas étudié. Et s'il y avait quelque chose dont il n'était pas très content, il a trouvé une meilleure façon de le faire.

Sur les tuyaux avec une tige de bambou ou de corne, la méthode standard est qu'ils soient équipés d'un tube métallique. De l'avis de Bo, il y a un risque qu'ils se détachent avec le temps et utilisent donc une vis. Il s'agit d'une vis en acier ordinaire, achetée chez le quincaillier, qu'il perce lui-même. Quiconque a tenté de percer un trou dans une vis en acier en connaît les implications. "N'est-ce pas très lourd?" Je demande. "Bien sûr, cela prend du temps", répond Bo, "et je reçois plein de taches sur le visage avec toute l'huile que je dois utiliser, mais cela n'a pas d'importance lorsque le résultat est bon." C'est une remarque typique de Bo. Aucun effort n'est trop tant que le résultat est parfait.

Lorsque Bo tourne les tenons, il prend en compte la période de l'année. Sinon, un tennon fait en été sera lâche en hiver (ou l'inverse - je ne sais pas lequel). Il y a donc une différence de quelques centaines entre un tennon fait en été et un fait pendant la saison froide.

Le tenon sur un tuyau Bo Nordh est toujours 100% cylindrique, il ne devient jamais plus étroit vers la fin, ce qui autrement est assez courant. La raison en est qu'aucun fluide ne doit pouvoir pénétrer entre le tenon et la tige.

De gauche à droite : Mimmo Romeo et Bo Nordh.

Pipes Bo Nordh sablées :

o ne fait pas souvent de tuyaux sablés, mais lors de ma visite j'en ai vu une douzaine, une occasion qui ne se répétera guère. La raison en était une demande de l'Allemagne pour des tuyaux sablés. Bo a ensuite fouillé ses cartons et a trouvé un certain nombre de tuyaux qu'il a apportés à Stanwell pour le dynamitage.

Une pipe Bo Nordh sablée est toujours noire et toute la surface, à l'exception d'une zone minimale où il place son tampon, a l'air sablée. Il n'est cependant pas possible de faire exploser jusqu'au bout de la tige, il faut donc laisser quelques millimètres. Ici, Bo utilise une perceuse dentaire et suit le modèle du dynamitage tout au long. Il le fait si habilement que, malgré l'utilisation d'une loupe, je ne vois pas la différence entre le "vrai" sablage et le "fait par l'homme". "Vous devez frapper la perceuse avec un fichier avant de commencer à le rendre légèrement décentré, sinon il semble trop parfait", explique Bo.

Les tuyaux sont d'abord tachés de rouge puis de noir. Quand ils sont secs, il applique une couche de laque Zapon avec un cure-pipe. Le tuyau est ensuite poussé avec une brosse dure pour s'assurer que la laque pénètre dans tous les creux et pour éviter les bulles d'air. Après seulement une minute, il est à nouveau brossé avec la même brosse. L'ensemble du processus de laquage ne prend que quelques minutes, puis je pouvais tenir le tuyau dans ma main sans qu'il ne colle.

Le point de la laque est, selon Bo, qu'il doit pénétrer dans le bois afin qu'il n'aspire pas la sueur de la main et les autres impuretés avec lesquelles le tuyau entre en contact. L'idée n'est donc pas de créer une couche brillante en surface. Une comparaison entre un tuyau laqué et un tuyau non laqué montre que la seule différence visible est que le tuyau laqué a une couleur noire plus profonde.

Lorsqu'un tuyau Bo Nordh a été poli et est prêt à être livré, aucune main humaine ne peut le toucher. Bo manipule la pipe à l'aide de gants blancs et la met dans un sac en cuir.

Avant ce processus de finition, le tuyau a été photographié. Bo prend des photos en couleur de toutes ses pipes et il recueille toutes ses photos dans des albums.

Bo Nordh est un créateur hors-pair, il a créé des modèles que tous les autres pipiers ont essayé de refaire et il incarne à mes yeux le plus grand maître-pipier par excellence.

Ce texte provient de Pipedia.

La Ramses.

Jan Andersson qui est le secrétaire du pipe club of Sweden a également publié un livre sur Bo Nordh qui était son ami.

Page - SOMMAIRE
005. Avant-propos
011. Les débuts de Bo Nordh
017. Ma première rencontre avec Bo Nordh
023. Une belle pipe et un bon fumeur
029. Le boulanger devient pipier
035. La production annuelle varie
039. Rosen, nourriture, musique. .. et les chiens
047. Lire le bois
051. Pas de tendances
057. Un tuyau sans trous
061. Des tuyaux sablés
069. Perfection
073. Un "Pipe-porc"
077. Formes 099.
Les collectionneurs
101. Les collectionneurs - Rick Newcombe
106. Les collectionneurs - Uli Wöhrle
109. Les collectionneurs - Mark Schropshire
113. Les fabricants de tuyaux
121. Les revendeurs
125. À la mémoire de Bo Nordh
128. Index des photos

par **macbaren** Jeu 9 Jan 2020 - 9:21

Charmante revue HOLAF toute en finesse, nous avions déjà évoqué ce nom
sur d'autres pages mais je ne me rendais pas compte du pipier qu'il pouvait
être. Merci pour la découverte.

par Gilles Jeu 9 Jan 2020 - 9:52

Bel exposé HOLAF avec un sujet passionnant, je te remercie.
Il y a de la lecture et de quoi mettre en appétit un fumeur de
pipes en lisant, je m'étais un peu renseigné sur lui à l'époque
de notre discussion avec Orane et j'avais vraiment accroché
sur ce grand pipier.

par Gilles Jeu 9 Jan 2020 - 9:54

Des formes taillées par Bo Nordh.

par Gilles Jeu 9 Jan 2020 - 9:55

La Nautilus est aussi une forme créée par Bo Nordh

par Capstan Jeu 9 Jan 2020 - 15:41

Bo Nordh était un grand pipier d'après ce que j'ai pu lire sur le net à son sujet. Merci HOLAF
pour cette revue qui retrace dans les moindres détails son parcours de maître pipier.